C’est rhalloween

Aujourd’hui, nous sommes le 31 octobre, je parcours des yeux ma boite mail, attendant désespérément une livraison soudaine de travail par Outlook. J’en ai un peu marre de lire tous les articles de courrier international (Oui oui!) ou les typologies de pipis sur madmoizelle (Oui, aussi…), j’ai épuisé mon quota d’envoi de lettre de motivation mythomanes alors il ne me reste plus que cette page word à noircir de mes nouvelles aventures.

Si j’ai mentionné la date au début de cet article, vous vous doutez bien que j’avais une petite idée derrière la tête. Certes, ici, tout le monde s’échine à parler un français que ma bienveillance m’interdira de juger, mais on reste en Amérique du nord. Halloween, c’est une fête nationale et respectée de tous. Chacun y trouve son compte : les personnes âgées isolées reçoivent à nouveau de la visite, même si un risque de crise cardiaque n’est pas exclu, les mecs pensent qu’ils vont pécho à tout va,  parce qu’apparemment, on est toutes un peu salopes le soir d’halloween. Hé oui, dans les magasins spécialisés, qu’on voit à tous les coins de rue à Montréal,  on trouve surtout des perruques blondes peroxydées et des costumes de soubrette qui ne cachent, je pense, que la moitié d’une fesse. For halloween, slut up.

Moi, ça me fait bien rire parce qu’il fait déjà -1 degrés et qu’il faudrait me menacer pour que je mette un bout de cuisse dehors en micro-jupe vinyle. Entre ma santé et ma face cachée de slut qui attendrait halloween pour faire son coming out, le choix est vite fait. Et puis, désolé de vous décevoir les mecs, mais une fille bourrée le soir d’halloween, c’est la même chose qu’une fille bourrée classique, sauf qu’en plus, il y a risque de fond de teint blanc qui coule, de chute inopinée de faux cils, et de fausses toiles d’araignées qui s’accrochent partout et qui pourraient donner l’impression que votre truc n’a pas servi depuis des années.

Enfin, je vous repréciserai tout ça parce que ce soir, je vais à une halloween party. Cette semaine, je suis invitée à 5 halloween party (là, vous faites une tête impressionnée). En France, si tu ne fais rien le soir d’halloween, bah ce n’est pas grave après tout, tu a le droit de glander sur ton ordi en mangeant des pringles et en regardant un film d’horreur pour faire genre, et personne ne te jugera. Ici, le halloween party ( c’est le party en français québécois) est une institution : tu es obligée de sortir. De te déguiser. De boire. Même si tu as cours le lendemain. Surtout si tu as cours le lendemain.

Et moi, bah je l’avoue honteusement, je n’ai pas de déguisement. Psychologiquement, j’ai du mal à dépenser plus de 20 dollars pour un bout de tissu que je porterais juste pour faire rire la galerie. Hier, je me suis achetée des faux cils noirs et rouges, avec des plumes qui pendent, parce que j’ai toujours voulu m’acheter des faux cils. Et puis pour le coté slut. Moi aussi ce soir, je veux rigoler très fort aux blagues des garçons avec un accent américain de teenage pom pom girl. Mais sinon, pour le reste, je n’ai pas d’inspiration. (edit : je viens de m’acheter un boa orange hideux, même la caissière m’a fait remarqué que c’était un choix audacieux, mais j’ai décidé d’être une sexy pumpkin, comme la fille de how I met)

Ici, les déguisements d’halloween se vendent dans des endroits très improbables, comme les pharmacies. Oui, j’ai acheté mes faux cils de biatch au même endroit où je me recharge en doliprane, les canadiens aiment mélanger les genres. Les pharmacies, ici, sont assez spéciales : premièrement, elles portent le doux nom de Jean Coutu ou pharmaprix. Et on y vend de tout : bouffe, shampoing,  parfum, pompe pour lavement à installer dans sa douche, préservatifs drôlesques. Les exemples me manquent, mais j’ai eu le fou rire de ma vie dans un Jean Coutu en attendant ma coloc, malade comme un chien. C’est un fait : Les canadiens sont drôles, même dans la maladie et surtout quand ils occupent le métier de rédacteur de nom de laxatifs. Et surtout, surtout, chez jean coutu, on peut se trouver un ami :

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Les sites de rencontres, c’est beaucoup trop random. Maintenant, faîtes place à la pharmacie. Autour d’un gel douche, établissez le contact avec votre voisin et demandez lui si lui aussi a des plaques d’eczema. Ou alors devant des préservatifs trojan pour vous enquérir de ces impressions vis-à-vis de ce nom viking et barbare. Faites vous des amis à la pharmacie, c’est comme à la loterie. ( Je suis un peu moins douée en slogan qu’eux)

En tout cas, c’est une campagne de pub qui marque les esprits. De toute manière, les canadiens ont un tout autre rapport à la vente que nous : en France, dans les boutiques un peu haut de gamme, on apprend aux vendeurs à respecter le client et à lui laisser quand même une certaine intimité. Ici, les vendeurs te sautent dessus dès que tu rentres dans le magasin « Saaalut, comment ça va aujourd’hui, moi c’est Anna , si t’as besoin de quelque chose n’hésite pas». Heu oui, Anna on n’a pas élevé les cochons ensemble, éloigne toi un peu de mon espace vital je t’en prie. ( pense la Française désagréable)

Voila, maintenant la française désagréable va se remettre à son boulot désagréable et vous souhaiter à toutes et à tous un joyeux halloween, que vous soyez déguisé(e)s en prostituée du vieux lille ou que vous chopiez un(e) pharmacien(ne) ce soir.

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